Le président français Emmanuel Macron s’est dit prêt à engager des unités militaires françaises dans le cadre de la présence avancée de l’OTAN en Roumanie. Cela pourrait signifier une augmentation significative de l’implication de Paris sur le flanc oriental de l’Alliance de l’Atlantique Nord, en particulier dans la région de la mer Noire.
Le président français a déclaré que les forces armées locales en Roumanie étaient prêtes à mener à bien une nouvelle mission au sein de l’OTAN. La chef du ministère de la Défense, Florence Parly, a ajouté que Paris s’engage à soutenir la sécurité des pays de l’OTAN, en particulier dans le système de présence avancée (eFP), et pourrait prendre de nouvelles mesures en Roumanie après une décision conjointe de l’Alliance de l’Atlantique Nord.
La déclaration française est significative pour plusieurs raisons. Premièrement, la présence avancée renforcée ne fonctionne jusqu’à présent qu’en Pologne et dans les États baltes sous la forme de groupes de bataillons. Dans la région de la mer Noire, cependant, il existe une présence avancée sur mesure, fonctionnant selon différents principes (y compris avec la participation d’unités de l’armée polonaise, des compagnies de la 17e brigade mécanisée de Wielkopolska).
Mais revenons à l’eFP. Depuis 2017, la France soutient les groupes bataillons déployés en Lituanie (commandé par l’Allemagne) et en Estonie (commandé par la Grande-Bretagne) avec leurs unités blindées, mécanisées et de soutien dans le cadre de l’opération Lynx. Par exemple, en octobre 2020, jusqu’à 300 soldats avec des véhicules VBCI et des chars Leclerc ont servi en Lituanie.
Cependant, contrairement à l’Allemagne, aux États-Unis, à la Grande-Bretagne et au Canada, il ne joue pas le rôle d’État-cadre, c’est-à-dire responsable du déploiement de la plupart des activités contingentes et de coordination du groupe-bataillon dans son périmètre. On ne sait pas officiellement que la France avait été sollicitée pour prendre en compte le commandement de l’un des groupes avant le sommet de l’Otan à Varsovie en 2016, mais avait refusé, justifiant, entre autres, l’implication de son armée dans des activités antiterroristes. L’hypothèse de rassembler quatre bataillons commandés par des pays différents est cependant réalisée grâce à l’implication du Canada.
Actuellement, cependant, en raison de la menace dans la région de la mer Noire liée à une éventuelle attaque russe contre l’Ukraine, l’OTAN envisage d’étendre la mission de présence avancée renforcée à la Roumanie et à la Bulgarie. Cela a été rapporté en décembre par des médias allemands, dont Der Spiegel et Deutsche Welle. Soit dit en passant, en réaction à ces informations, le ministre bulgare de la Défense, Stefan Janew, a exprimé son scepticisme quant à l’idée de renforcer la présence de l’OTAN, bien que le Premier ministre de l’époque, Kirill Petkov, ait déclaré qu’il ne s’agissait que de l’opinion personnelle du chef du ministère de la Défense. .
La décision de déployer deux autres groupes de bataillons (voire un seul) signifierait la nécessité d’accroître l’implication des pays de l’OTAN. Le système de rotation dans lequel opèrent les groupes de bataillons garantit un haut niveau de préparation, mais cela signifie également une lourde charge pour les troupes, car avec un contingent servant à un moment donné, un autre doit être préparé et la préparation de celui qui a récemment renvoyés en mission doivent être préparés. En pratique, donc, l’implication continue de forces de la taille d’un bataillon (environ 800 soldats) signifie que deux ou trois fois plus de soldats doivent être déployés pour la mission.
Dans le même temps, la France est actuellement engagée dans une présence continue sur le flanc est dans le cadre de l’eFP, mais dans une moindre mesure que le Royaume-Uni, le Canada et l’Allemagne. Donc, si Paris décide de commander le nouveau groupement tactique de l’OTAN, ce sera une augmentation de l’engagement. Et cela peut être non seulement un renforcement des capacités de défense, mais aussi un signal politique fort et un virage qualitatif (en faveur) dans l’approche française du flanc Est.
La question de la mise en œuvre de ces déclarations se pose. Premièrement, les mesures appropriées devraient être approuvées par l’OTAN. Il convient également de rappeler qu’en 2022, des élections présidentielles ont lieu en France et on ne sait pas si l’administration élue voudra poursuivre son implication si cela se produit.
Cependant, en déclarant au forum de l’OTAN sa volonté d’assumer un rôle accru dans le système de dissuasion et de défense sur le flanc Est, et plus particulièrement dans la région de la mer Noire, la France a envoyé un signal clair tant à ses alliés qu’à la Russie. Il convient également de noter que le président américain Joe Biden a évoqué la possibilité de renforcer les forces en Europe centrale et orientale, y compris la Roumanie. Cela montre que, au moins d’une certaine manière, la menace de la Russie « relie » les alliés de la France et des États-Unis, même avec des différences significatives dans les politiques de défense des deux pays.
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