Emmanuel Macron s’enfuit en Serbie pour vendre des avions de combat – EURACTIV.pl

Alors que la crise politique en France se prolonge, Emmanuel Macron passera les deux prochains jours en Serbie, dans l’espoir de vendre des avions de combat au régime du président Aleksandar Vucic, malgré les liens présumés de Belgrade avec la Russie.

Aux prises avec la crise politique en France Emmanuel Macron il espère revenir à Paris vendredi avec de bonnes nouvelles. A l’issue de la rencontre avec son homologue serbe Alexandre Vucic Un contrat d’une valeur de trois milliards d’euros pourrait être signé entre Paris et Belgrade, portant sur la vente de douze avions de combat Rafale, comme les autorités serbes l’ont évoqué à plusieurs reprises ces derniers mois.

« Nous espérons que ces discussions aboutiront », a expliqué l’Élysée mercredi 28 août, sans préciser le nombre d’avions prévus ni le montant du contrat. « La Serbie fait le choix stratégique de coopérer avec un pays européen (pour moderniser son armée – ndlr) », a déclaré avec satisfaction l’entourage du président.

Ce sera un nouveau grand succès pour Dassault Aviation (entreprise française produisant des avions militaires et civils) dans les Balkans, après la vente de douze Rafalis d’occasion à la Croatie en 2021 pour une valeur d’un milliard d’euros. Un succès qui laisse cependant planer des doutes si l’on considère que les autorités serbes n’hésitaient pas à démontrer leur proximité avec Moscou avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, notamment par le biais d’exercices militaires conjoints.

La Serbie est un allié clé de la France dans les Balkans

Bien que la Serbie ait déjà reçu le statut officiel de pays candidat à l’UE en 2012, la Commission européenne a indiqué dans le rapport 2023que les progrès de Belgrade dans la lutte contre la corruption et le crime organisé restent « limités ». « Les cas de menaces, d’intimidations, de discours de haine et de violences contre des journalistes restent préoccupants », note la police européenne.

Malgré ces atteintes répétées à la liberté de la presse, condamnées par toutes les organisations internationales, Aleksandar Vučić, qui gouverne le pays depuis 2012, est devenu un allié incontournable de la France dans les Balkans. Paris salue par exemple les « mesures prises par la Serbie pour mettre en œuvre les accords d’Ohrid », théoriquement conclus en février 2023 pour « normaliser » les relations du pays avec le Kosovo voisin, mais jamais mis en œuvre depuis.

Importance stratégique de Belgrade

En fait, Belgrade a retrouvé la centralité stratégique qu’elle avait perdue après l’effondrement de la Yougoslavie. Bien que la Serbie ait soutenu la résolution de l’ONU de mars 2022 condamnant l’agression du Kremlin en Ukraine, le régime serbe a toujours refusé d’appliquer des sanctions européennes contre Moscou, équilibrant habilement ses relations avec les pays de l’UE. Ces derniers rechignent à condamner les excès autoritaires du régime serbe, craignant que le pays ne tombe dans les bras du « grand frère » de la Russie.

Premièrement, le pays dispose de ressources stratégiques d’un grand intérêt pour les capitales européennes, à savoir d’importants gisements de lithium. 19 juillet Chancelier d’Allemagne Olaf Scholz et le président de Mercedes-Benz ont assisté à la signature d’un accord de partenariat entre la Serbie et l’UE à Belgrade. Cet accord prévoit le développement d’un procédé d’extraction de minerai et l’installation d’une usine de production de batteries électriques en Serbie.

« Aujourd’hui, l’UE et l’Allemagne ont troqué la démocratie, l’État de droit et la perspective de l’UE pour les Balkans contre du lithium. » il a dit Floriano Bieberun politologue spécialiste des Balkans, sur le réseau social X après la rencontre.

La société serbe demande son soutien à Macron

Les citoyens serbes se battent depuis des années contre l’ouverture d’une mine dans la vallée de Jadar, au sud-ouest du pays, par le géant anglo-australien Rio Tinto. Selon le président Vučić, cette mine aurait la capacité d’en produire 58 000. tonnes de lithium par an, ce qui suffirait à « satisfaire 17 % de la production annuelle de véhicules électriques en Europe ».

Affaibli par la mobilisation sans précédent de la société civile serbe contre le projet, dont les opposants affirmaient qu’il entraînerait des dommages environnementaux irréversibles, le gouvernement serbe a finalement révoqué les licences d’exploitation de Rio Tinto en janvier 2022. Il a toutefois annoncé la reprise du partenariat en juin, après avoir reçu « de nouvelles garanties » de la part de l’entreprise.

Les manifestations ont repris au milieu de l’été, rassemblant des dizaines de milliers de personnes à Belgrade début août. Déterminée à poursuivre le combat, la Fédération des associations écologiques de Serbie a adressé le 28 août une lettre ouverte à Emmanuel Macron, lui demandant de « soutenir » les écologistes.

« L’Europe doit proposer un partenariat plus attractif que l’exploitation flagrante prônée par certains », a-t-il ajouté. Il existe cependant une faible chance que le président français risque d’offenser son partenaire commercial en abordant des sujets embarrassants. Ouvrir une mine de lithium est « un choix qui appartient à la Serbie », affirme l’Élysée.

Alaire Boivin

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