Élections en France. Le pays pourrait entrer en mode crise permanente [SCENARIUSZE]

Des élections anticipées auront lieu en France les 30 juin et 7 juillet. Selon les sondages, le Parti national (RN), d’extrême droite, remporterait la majorité des sièges à l’Assemblée nationale. Qu’est-ce que cela signifie pour la possibilité de gouverner à Paris ? Voici les questions et réponses les plus importantes.

Élections en France. Qui Macron nommera-t-il comme Premier ministre ?

La Constitution de la Ve République, adoptée en 1958, n’impose aucune restriction au président dans le choix et la nomination du Premier ministre. Cependant, Emmanuel Macron doit tenir compte de la majorité au Parlement. Si le Premier ministre ne parvient pas à obtenir le soutien parlementaire, l’Assemblée nationale votera une motion de censure à son encontre. Le gouvernement devrait alors présenter sa démission au président.

Si le RN obtient la majorité à l’Assemblée nationale, le président Emmanuel Macron devra proposer le poste de Premier ministre au leader du parti RN, Jordan Bardella. Il n’y a pas d’alternative, estime l’expert français Prof. Hans Stark de la Sorbonne à Paris : – Macron est très affaibli. Il n’y a pas beaucoup de liberté.

Cependant, Bardella, 28 ans, établit la majorité absolue au Conseil budgétaire comme condition pour assumer la responsabilité gouvernementale. Autrement (en raison de l’incapacité de son parti à former des coalitions), il ne pourrait pas mettre en œuvre son programme. La nomination de Bardella au poste de Premier ministre signifierait la quatrième cohabitation dans l’histoire de France, c’est-à-dire une coopération entre le gouvernement et le président de différents camps politiques.

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Cohabitation : comment ça marche ?

La Constitution de la Ve République ne mentionne pas explicitement la cohabitation. Mais le président et le Premier ministre étant issus de camps politiques différents, le pouvoir exécutif en France est divisé. Le président et le premier ministre doivent alors travailler ensemble en cohabitation pour le bien du pays.

Une situation similaire s’est produite à plusieurs reprises et se produit actuellement en Pologne, où le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement de coalition anti-PiS du 15 octobre en cohabitation avec le président nommé par le PiS (même si après son entrée en fonction, le président doit être en colère contre le parti). .

En France, la première cohabitation a été établie en 1986, sous le gouvernement du président socialiste François Mitterrand. Après la défaite de son parti aux élections législatives de 1986, Mitterrand nomme le gaulliste Jacques Chirac au poste de Premier ministre et, en 1993, son collègue du parti Edouard Balladur. Dans les années 1997-2002, le Premier ministre socialiste Lionel Jospin a gouverné en cohabitation avec le président conservateur Chirac.

La division du pouvoir exécutif entre deux camps politiques différents entraîne des frictions. Les processus de prise de décision deviennent souvent plus complexes et plus lents. Le succès de la cohabitation dépend de la capacité du Premier ministre et du président à travailler ensemble.

Cohabitation : quelle est la liberté du gouvernement ?

En cohabitation, le rôle de président est temporairement transféré au premier ministre. Le nouveau Premier ministre, et non Macron, dicterait alors les orientations politiques générales. En politique intérieure notamment, le gouvernement dispose d’une large marge d’action dans cette situation. En matière de politique étrangère et de sécurité, il partage le pouvoir avec le président, qui est responsable des relations internationales.

Peu avant le premier tour de scrutin, Marine Le Pen expliquait la manière dont le Conseil suprême envisageait la répartition des pouvoirs : « Commandant en chef des forces armées est un titre honorifique pour le président, car c’est le Premier ministre qui tire les ficelles ». .»

Les questions de politique intérieure et économique peuvent également conduire à des affrontements entre le président et le Premier ministre, comme l’a montré la première cohabitation sous Mitterrand. Le 14 juillet 1986, fête nationale française, le président s’en prend publiquement au Premier ministre. Mitterrand a annoncé qu’il ne signerait pas les décrets du gouvernement Chirac concernant la reprivatisation d’un total de 65 banques, compagnies d’assurance et entreprises industrielles nationalisées.

Sans la signature du président, aucun décret gouvernemental ne peut entrer en vigueur. Cependant, un tel refus ne peut que retarder le projet du gouvernement, et non l’arrêter.

Élections parlementaires en France. Macron et Bardella : vont-ils coopérer ?

Le président Macron rejette au moins une partie du programme RN. L’expert Hans Stark prédit que le Conseil de surveillance pourrait tenter de « acculer Macron jusqu’à ce qu’il finisse par céder ».

Mais un blocage total des actions du gouvernement RN serait également impensable. Macron et Bardella finiraient probablement par parvenir à un accord. Si le président rejette les projets du nouveau gouvernement, il devra en donner les raisons. Il est fort possible que le président se tourne plus fréquemment vers le Conseil constitutionnel pour vérifier sa conformité à la Constitution avant d’adopter des lois. Certains projets gouvernementaux du Conseil de Surveillance pourraient donc ne pas être approuvés.

Conseil budgétaire sans majorité absolue : et alors ?

Prof. Stark suppose que si Bardella n’obtient pas la majorité absolue après les élections, il tiendra sa promesse et le Conseil budgétaire renoncera à former un gouvernement. Si aucun autre camp ne parvenait à former une majorité, l’État serait bloqué. Dans ce cas, le président ne peut pas ordonner une nouvelle dissolution du Parlement : la Constitution prévoit un délai de grâce d’un an.

Au sein du parlement dissous par Macron début juin, les partis présents dans la sphère présidentielle ne disposaient que d’une majorité relative. Le gouvernement a donc fait référence à plusieurs reprises à l’art. Article 49 3 de la Constitution française pour les actes juridiques importants.

Cela permet au gouvernement d’adopter le projet de loi sans vote à l’Assemblée nationale, à moins qu’une motion de censure ne soit présentée et approuvée dans les 24 heures. Pourtant, cet article est considéré comme très controversé en France. Il est peu probable que le nouveau gouvernement veuille gouverner sur cette base dès le début de son mandat.

Blocus de l’Assemblée nationale : et alors ?

Les partis n’ont pas encore déclaré ce qu’ils feraient si personne n’obtenait la majorité à l’Assemblée nationale après les élections. Dans ce cas, Marine Le Pen, du Conseil de Surveillance, a proposé des élections présidentielles anticipées.

Macron ne peut toutefois pas être contraint à la démission. En France, il n’existe pas de scénario clair pour une telle situation. Beaucoup dépendra de la dynamique politique après les élections. Il est également difficile d’imaginer la création d’un gouvernement d’experts non partisan. En République VV, une telle situation ne s’est pas encore produite.

République bloquée : Macron peut-il gouverner ?

Le président Macron pourrait déclencher l’article 16 de la Constitution française. Il confère au président des pouvoirs extraordinaires en cas de crise pour garantir la continuité de l’État.

Le président pourrait alors promulguer des lois et émettre des décrets sans le consentement du Parlement. Prof. Hans Stark ne considère cependant pas que ce soit une option réaliste pour Macron : – Je ne sais pas comment il a pu supporter cela pendant trois ans – jusqu’aux prochaines élections présidentielles. Cela signifierait essentiellement que nous serions en mode crise permanente.

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Auteur : Andreas Noll

L’article vient de Deutsche Welle

Josée Perreault

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