Première modif :
En Colombie, les opposants au glyphosate, un herbicide controversé, ont gagné la bataille juridique. La Cour constitutionnelle a ordonné au gouvernement d’Iván Duque de consulter d’abord les habitants de la zone concernée avant de continuer à fumer les champs de coca. Sept mois après la fin du mandat du gouvernement actuel, il semble peu probable que la fumigation puisse reprendre.
Les autorités doivent s’entendre avec les résidents pour continuer la pulvérisation anti-drogue avec du glyphosate en Colombie, a déclaré un tribunal dans une décision qui a interrompu les projets du président Iván Duque de réactiver la pulvérisation aérienne.
Lutte contre le trafic de drogue
Ainsi, après une bataille juridique entre plusieurs organisations sociales et paysannes, la Cour constitutionnelle a contraint l’État colombien à tenir des consultations avec les habitants de 104 villes où il voulait fumiger.
Les juges ont fixé un délai d’un an, extensible à six mois, pour que les fonctionnaires parviennent à un accord avec la communauté, ce qui empêche en pratique la réactivation de la fumigation sous l’administration Duque, qui est sur le point de terminer son mandat de quatre ans. en août sans possibilité de réélection.
Il s’agissait d’une mesure symbolique pour lutter contre le trafic de drogue : le gouvernement de droite radicale d’Ivan Duque a tenté à plusieurs reprises de continuer à asperger la plante de coca de glyphosate. En 2015, la Colombie a suspendu l’utilisation de cet herbicide dangereux suite à une mise en garde de l’OMS sur ses possibles effets cancérigènes. Mais l’administration Duque insiste sur le fait que la pulvérisation est l’un des principaux outils d’éradication des cultures interdites.
« Politique inefficace »
Daniel Mejía, économiste à l’Universidad de los Andes et auteur d’un rapport sur le sujet, s’interroge sur l’utilité de ce produit : « Le gros problème de la pulvérisation de glyphosate, outre le fait que des consultations préalables aient été effectuées ou non, n’est pas seulement c’est une politique inefficace pour lutter contre le trafic de drogue, les cultures illégales, la production et le commerce de cocaïne, mais elle a aussi des effets négatifs sur la santé humaine.
« Pulvériser un hectare de feuilles de coca avec du glyphosate n’élimine pas nécessairement ces hectares. Mes études montrent que, pour chaque hectare pulvérisé, la récolte de coca diminue entre 2 et 4 % à partir d’un hectare. De plus, les agriculteurs prennent des décisions qui réduisent l’efficacité de la pulvérisation, comme couper les tiges des plantes à 30/40 centimètres du sol, six ou huit heures après avoir été pulvérisées avec du glyphosate, et les plantes après deux ou trois mois de production une autre culture », a-t-il expliqué.
« Si l’on ajoute la faible efficacité et les coûts financiers directs très élevés de la campagne de pulvérisation, les coûts en environnement, en santé humaine, la perte de confiance dans les institutions, oui, mais quand même », a souligné l’économiste.
Selon Mejía, l’insistance du gouvernement à vouloir utiliser ce produit pourrait avoir deux explications : l’une découlant d’une « théorie du complot » sur les entreprises voulant vendre ces produits à des pays, comme Monsanto, et l’autre ayant à voir avec la mesure anti- les efforts de lutte contre la drogue et la volonté d’indiquer que « quelque chose est en train d’être fait ».
Selon les chiffres de l’ONU pour 2020, il y a 143 000 hectares plantés de coca en Colombie. Les opposants au glyphosate appellent à des politiques renforcées de substitution des plantes.
Avec l’AFP
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