France : Grèves contre la réforme des retraites. Affrontements avec la police à Paris

A la demande des syndicats, des manifestations contre la réforme gouvernementale du système des retraites ont eu lieu samedi dans de nombreuses villes françaises. A Paris, où une marche syndicale s’est jointe à la marche des « gilets jaunes », des affrontements ont eu lieu avec la police.

Les négociations entre le gouvernement et les représentants des organisations de travailleurs et d’employeurs devraient reprendre le 7 janvier. Le 9 janvier, les syndicats appellent à une « action nationale majeure ». Les grèves des cheminots et des transports à Paris, ainsi que dans plusieurs autres secteurs, durent désormais 24 jours.

Le gouvernement entend unifier le système de retraite, qui se compose actuellement de plusieurs dizaines de régimes spéciaux. Si certains syndicats, comme la CGT, rejettent la réforme dans sa totalité, d’autres, comme la CFDT, la soutiennent, mais n’acceptent pas l’âge dit préférentiel de la retraite.

Bien que minime l’âge de la retraite aura encore 62 ans, c’est juste qu’un salarié qui prendrait sa retraite à l’âge dit préféré – fixé par le gouvernement à 64 ans -, il toucherait une pension à taux plein.

« Nous sommes déterminés à poursuivre la grève », a déclaré un employé de la gare SNCF à un journaliste de Radio France Info.

« Il faut faire grève parce que c’est pour la bonne cause », a déclaré un conducteur du métro parisien à BFM TV. Il a ajouté que même si les salariés parisiens transport (RATP) ont des conditions particulières de retraite, ils se battent « au nom de tous, car tout le monde sera perdant si la réforme entre en vigueur ».

« Pour beaucoup d’entre nous, il est difficile de penser à la retraite quand il est difficile de survivre même à la première en travaillant », cite à l’AFP Jerónimo Rodrigues, un participant bien connu aux manifestations du mouvement des « gilets jaunes », qui a perdu son œil lors d’une manifestation en janvier.

La manifestation à Paris a réuni plus de 1 000 personnes, selon certaines sources, jusqu’à plusieurs milliers. Des barricades ont été érigées près du Centre Pompidou. Selon le quotidien Le Figaro, au moins l’un d’entre eux a été incendié et les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes. Des heurts ont également eu lieu avec les forces de sécurité sur la place du Châtelet, cible de la manifestation.

Samedi, les journalistes du Monde, citant le palais de Matignon, bureau du Premier ministre, écrivaient que le gouvernement « au lieu de cueillir les fruits, attend qu’ils pourrissent et tombent tout seuls ». « Le président et le Premier ministre ne veulent pas que les gens pensent qu’ils se retirent, d’autant que la mobilisation (des manifestants) s’affaiblit lentement », affirment les auteurs de l’article. Au moment où ils l’écrivent, 38,8% se sont mis en grève vendredi. conducteurs de métro, alors qu’ils étaient dix jours plus tôt près de 50 %.

Les observateurs notent cependant que si le gouvernement souligne sa détermination à introduire un système de retraite unifié, il a déjà fait des concessions aux pilotes et au personnel de cabine qui ont menacé de faire grève, ainsi qu’aux policiers et pompiers, qui ont assuré pouvoir prendre sa retraite à temps plein à 60 ans.

L’opposition de gauche accuse le gouvernement d’entêtement, de « mépris » des syndicats et de manque de respect envers la société. L’opposition de droite accuse le gouvernement de se retirer de la réforme, contrairement à ce qu’elle prétend. Damien Abad, chef du groupe parlementaire de centre droit du Parti Républicain, a été cité par Le Monde comme ayant déclaré que le gouvernement « ne peut plus imposer de réformes à l’ensemble du peuple français et cède la place à la rue ».

La politologue Sophie Beroud, dans un entretien au « Monde », prédit que « ce mouvement (de protestation) pourrait prendre un nouvel élan, car la détermination (des grévistes) semble très forte ». Selon lui, pour mettre fin aux grèves, le gouvernement doit « corriger son travail ou retirer la réforme pour la repenser, mais une telle mesure le priverait de toute légitimité ».

Josée Perreault

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