Aventures Précurseur. Être un pionnier ne doit pas être associé à de grands succès. A ce titre, deux visionnaires peuvent être considérés comme des symboles de la modernité française : l’ingénieur Nicolas-Joseph Cugnot et le marquis Claude de Jouffroy d’Abbans. Comme le souligne Bolesław Orłowski dans « La plus courte histoire des inventions », l’événement technique le plus important de la première moitié du XIXe siècle a été l’application pratique de la vapeur pour la propulsion dans les transports. Cugnot conçoit et teste des véhicules équipés de chaudières à vapeur depuis 1765. Lorsque, quatre ans plus tard, l’armée commence à chercher un nouveau moyen de transporter des canons de plus en plus lourds, l’ingénieur se lance dans la construction d’un tracteur d’artillerie. Le prototype à trois roues qu’il a construit était alimenté par la vapeur d’une chaudière de 50 litres. Bien que le véhicule pesait jusqu’à 2,5 tonnes, il était capable de tirer une arme de 4 tonnes à la vitesse d’un soldat en marche.

Au début de 1771, l’inventeur, satisfait de son travail, en fait la démonstration aux généraux français lors d’une exposition spéciale à Paris. Le tracteur à trois roues a accéléré, le conducteur a perdu le contrôle et le véhicule a percuté le mur de la maison. Après plusieurs autres tentatives, les généraux ont décidé que l’invention devait être enfermée dans l’armurerie et ne plus jamais être utilisée. En guise de consolation, Louis XV accorde à l’ingénieur une pension viagère de 600 £ par an. Trente ans plus tard, l’inventeur anglais Richard Trevethick a mis son véhicule à vapeur sur des rails. Son Invicta a inspiré d’autres designers britanniques et en quelques décennies le monde a été révolutionné par les chemins de fer.

Il en était de même pour les bateaux à vapeur. Dès 1773, le marquis Claude de Jouffroy d’Abbans, architecte et ingénieur, a commencé à réfléchir à la manière de combiner une machine à vapeur avec des appareils hydrauliques et un navire.