Elections en France 2022 : Tous masqués Marine Le Pen | International

Il y a ceux qui se sentent destinés à diriger un parti, voire un pays. Et puis il y a ceux qui n’ont même pas eu à réfléchir à ces propositions, parce qu’ils l’ont vécu dès le berceau. Marine Le Pen, qui tentera de remporter la présidence française pour la troisième fois ce dimanche, a grandi sur le Front national. Car être Le Pen n’est pas qu’une affaire de famille. Elle fait partie d’un parti indissociable de sa famille et qui ces dernières décennies a contraint la France à se regarder dans le miroir le plus extrême, dans le miroir du nationalisme et de l’exacerbation identitaire, dans le miroir de la haine des étrangers (immigrés, Les musulmans). comme l’origine de tous les problèmes, le problème d’une nation brisée et des classes inconciliables.

Le plus grand mérite de Marine Le Pen est que le reflet que donne ce miroir brumeux est, des décennies après avoir pris les rênes du parti qui a provoqué le rejet dans tous les secteurs sociaux et politiques du pays, le reflet d’une connaissance amicale et souriante (amoureuse des chats !), proche des  » gens  » et de leurs soucis (malgré avoir grandi dans l’un des quartiers les plus riches de Paris et même son propre père l’appelait  » petite-bourgeoise « ) et chacune plus française  » présidentielle « . L’extrême droite, qui ne fait tout simplement plus peur.

Mais qui est Marine Le Pen ? Ce dirigeant est-il endurci dans la politique la plus dure et la plus extrême depuis sa naissance, une politique qui ébranle les migrants par un programme qui pourrait les conduire hors du pays ou au plus bas de la société ? Ou c’est l’infatigable travailleuse, la femme sympathique, la mère de trois enfants, qui a grandi presque seule après deux divorces (avec des membres du FN, aujourd’hui la Réunion nationale) et qui partage maintenant une maison avec une autre femme, une amie d’enfance, toutes les deux et sa demi-douzaine disent chats ?

Steeve Briois est vice-présidente de l’Assemblée nationale et maire d’Hénin Beaumont, ville du nord du Pas-de-Calais devenue fief de Le Pen et qu’elle représente en tant que représentante à l’Assemblée nationale. « En France, Marine est injustement diabolisée depuis des années. Les Français ne connaissent pas la vraie Marine Le Pen, ils ne savent pas que c’est une femme de cœur et qu’elle a vraiment de l’empathie pour les Français, et ils ne savent pas qu’elle est courageuse qu’elle a des ambitions pour le pays, pas pour elle. Il veut se battre pour le pays et surtout pour les Français », assure EL PAIS. David Rachline, maire RN de Fréjus Sud et plus jeune sénateur français à l’époque, a salué « la douceur et l’honnêteté de son patron ». Bien sûr, Rachline, comme Briois ou le porte-parole Sébastien Chen (tous deux homosexuels), sont des figures incontournables de cette nouvelle image RN que Le Pen tente de concevoir, un parti qui voulait rajeunir et se débarrasser d’étiquettes comme l’homophobie ou l’antisémitisme, qui l’a tourmenté pendant des décennies.

Selon ses adversaires, le nouveau visage n’est qu’un faux-semblant. Le Pen « est une candidate du clan, l’héritière de l’aventure familiale, multiple Le Pen, qui affronte les Français en campagne. En fait, ce n’est pas la candidature du peuple », a prévenu le président sortant Emmanuel Macron lors de sa dernière interview télévisée avant son vote dimanche à l’élection.

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Ce qui fascine chez Le Pen, qui a des biographies entières (non autorisées) vouées à révéler sa vraie personnalité, c’est qu’elle peut être en même temps tout ce qu’on dit d’elle, estime Raphaël Llorca, spécialiste de l’extrême droite, Jean-Jaurès.

« Cette image de Le Pen en tant que femme active qui aime les chats est vraie. Cela n’a aucun sens de perdre du temps à essayer de démonter ces éléments comme étant des faux », déclare-t-il lors d’un entretien téléphonique. Il souligne que « tous ces éléments, sans être faux, servent une stratégie plus globale qui cherche à gommer et camoufler l’étiquette d’extrême droite. Je ne pense pas que ce soient deux idées contradictoires, mais l’une est au service de l’autre », ajoute l’auteur Masques d’extrême droitequi analyse la stratégie de diabolisation de Le Pen pour devenir président.

Procès accéléré pendant le quinquennat de Macron, qui a commencé lorsque Marine Le Pen a repris le Front national en 2011. Il a reçu une touche définitive en 2018 lorsqu’il a changé le nom du parti hérité de son père, le Regroupement national et fondateur Jean -Marie.LePen. Il s’en est débarrassé en 2015 par expulsion de la formation après plusieurs propos pro-nazis. Depuis, il a même gommé ce satané patronyme de la propagande électorale – autre gros fardeau – lorsqu’il s’est présenté aux électeurs simplement sous le nom de Marine. Même si ce n’est même pas son vrai nom.

Marine Le Pen a salué l’homme lors d’un rassemblement pré-électoral vendredi dernier.DENIS CHARLET (AFP)

Marion Anne Perrine est née le 5 août 1968 à Neuilly-sur-Seine, l’un des quartiers les plus riches de Paris, troisième et dernier enfant de Jean-Marie Le Pen et Pierrette Lalanne. Quatre ans et deux mois plus tard, son père occupe la présidence du Front national, fondé, entre autres, par des anciens combattants algériens, nostalgiques du régime de Vichy, ou des catholiques traditionalistes.

Marine a trouvé que la politique n’est pas un chemin facile, surtout si on va dans les extrêmes quand elle était encore Marion ou Marina, comme la benjamine du clan à la maison l’appelait. Aux petites heures du matin du 2 novembre 1976, une bombe a détruit un appartement dans le 15e arrondissement de Paris, où vivait Le Pen. Pour Marine, c’était un réveil à un si jeune âge qu’il s’agissait d’être Le Pen. « Je ne peux pas l’ignorer depuis cette nuit. J’entre pleinement en politique à cause de son côté le plus violent, le plus cruel et le plus brutal », avait-il déclaré dans son autobiographie en 2006. contre les flottes (À contre-courant).

« petit bourgeois »

Ce qu’il a dit de manière moins détaillée ou plus fictive, c’est la porte de la vie « petite-bourgeoise » qui s’est ouverte à lui dans la même nuit d’horreur : Le Pen s’est installé dans un manoir donné par un ami d’affaires de la famille. Saint-Cloud, une autre des villes les plus riches de la banlieue parisienne, où selon le journaliste Renaud Dély dans un CV non autorisé La vraie Marine Le Pen, la bourgeoisie progressiste parmi les façades« Il a grandi dans le luxe, entre champagne et fêtes, avec des semelles usées sur les pistes de danse des entreprises de mode. » Le Pen l’Ancien y vit encore aujourd’hui, confortablement éloigné – ou réduit au silence – de la politique et des réseaux sociaux qu’il aime jusqu’à la fin du processus électoral, dans lequel sa fille risque tout.

Ça n’a pas toujours été comme ça. Bien qu’elle soit devenue membre du FN immédiatement après avoir atteint l’âge de la majorité et peu de temps après avoir obtenu son diplôme de droit, Marine ne devait pas être l’héritière politique de Le Pen. Le dauphin désigné était sa sœur aînée Marie-Caroline. Mais en 1998, alors que le FN est au bord de la division, Marie-Caroline et son mari Philippe Olivier (aujourd’hui bras droit de Mariana) misent sur l’aîné de Le Pen, Bruno Mégret, pour ouvrir une blessure familière. il lui faudra des années pour s’en remettre. Ce ne serait pas la dernière, et ce ne serait pas la première : des années auparavant, en 1984, et en plein divorce avec Jean-Marie, Mère Pierrette avait vengé son ex-mari en posant nue pour le magazine. Playboy, ce qui a fait que sa fille Marine ne lui a pas parlé pendant 15 ans. Après avoir trahi sa fille aînée, Jean-Marie, il désigne la cadette du clan comme son héritière politique. A l’époque, Marine, qui vient d’accoucher de Jehanne, le premier de ses trois enfants – les jumeaux Louis et Mathilde sont nés à peine 11 mois plus tard – avec son premier mari, Franck Chauffroy, fait déjà les premiers pas politiques en tant que régionale. conseiller.

Marine Le Pen avec son père Jean-Marie Le Pen lors de la campagne électorale de 2012.
Marine Le Pen avec son père Jean-Marie Le Pen lors de la campagne électorale de 2012.Frédéric Nebinger (Getty Images)

Le saut dans la sphère nationale est réussi en 2002, lorsque son père parvient à classer le FN pour la première fois au second tour présidentiel. Au soir du vote final, le FN ne sait pas qui envoyer à la télévision pour évaluer ce qui se solderait par une cuisante défaite contre Jacques Chirac (qui a recueilli 82 % des suffrages). « Allons-y, Marine », dit son père. Une jeune femme aux longs cheveux blonds, physiquement très semblable au patriarche Le Pen – « c’est un clone de son père », disait sa mère Pierrette, pas seulement à cause de sa ressemblance physique – et à la voix forte et rauque. montrer son visage. « Mais qui est-ce ? », a demandé un autre radiodiffuseur et toujours une figure de proue de la politique française : le sénateur socialiste de l’époque, Jean-Luc Mélenchon.

Cette nuit-là, un animal politique est né – ou du moins s’est découvert – qui n’a cessé depuis de monter dans les rangs du FN et de la politique française : de député européen en 2004 et 2009 à la première candidature pour l’Elysées en 2012. vous êtes plus près que jamais d’y parvenir. Néanmoins, son leadership n’était pas incontestable, ni exempt de luttes internes et même de trahisons familiales, ce qui peut être évité dans une famille politique comme le clan Le Pen.

« Meurtre ! », a crié Le Pen l’Ancien lorsque sa fille l’a expulsé du parti en 2015. « C’est brutal, violent », a répondu la fille de Le Pen sept ans plus tard lorsqu’elle a été trahie par sa nièce – et dangereuse rivale politique – Marion Maréchal, qui a rejoint en février les rangs de ceux qui menaçaient la direction de droite de Marine Le Pen à l’époque de la campagne, encore ultra ultra (au moins sous la forme) d’Eric Zemmour. Maréchal, qui a également sorti le patronyme Le Pen, l’a trahie pour la première fois après la défaite de 2017 en abandonnant la politique et en critiquant sa tante. « La trahison est une habitude en politique », répète souvent Le Pen, malgré le fait qu’elle ait récemment à nouveau soutenu publiquement sa fille. Continuera-t-il à le faire s’il échoue à nouveau ce dimanche ? Une serviette convient-elle dans ce cas ?

Même s’ils le disent à voix basse, de nombreuses personnalités du RN préparent l’avenir sans Le Pen aux manettes. Briois souligne que cela ne signifie pas que la carrière politique de Marine est terminée, comme beaucoup l’ont dit à maintes reprises. « Bien sûr, la lutte politique continuera. Ça ne s’arrêtera pas. La politique est un virus qui s’infecte. Être chanteur et peintre est une vraie passion. La passion de Marine Le Pen est de défendre les autres par la politique. C’est quelque chose qu’il fera quelles que soient les circonstances et les résultats », assure son (très) bras droit. Encore une fois, seule Marine Le Pen connaît la vérité.

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Alaire Boivin

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