Ministre français : « Di Maio a franchi la ligne, mais est prêt à coopérer »

Près d’une semaine après le rappel de l’ambassadeur à Paris, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a accueilli messagerie au Quai d’Orsay pour discuter des relations entre la France et l’Italie. Soixante et onze, tout juste confirmé par les sondages comme le ministre le plus populaire du gouvernement français, Le Drian a annoncé que l’ambassadeur Christian Masset reviendrait bientôt au palais Farnèse. La détente est en marche.

Monsieur le Ministre, après la convocation de l’ambassadeur à Paris, comment sont les relations franco-italiennes aujourd’hui ?


Quand l’ambassadeur reviendra-t-il à Rome ?

« Aujourd’hui, je peux vous informer que le retour de notre ambassadeur est imminent. »

Comment Quai d’Orsay et Farnesina s’associent pour sortir de la crise ?

Di Maio a ensuite expliqué qu’il agissait dans le cadre d’un débat politique, compte tenu des élections européennes.

« Encore une fois, ce n’est pas une situation politique classique. Il s’agit d’une rencontre publique entre quelqu’un qui veut un soulèvement armé et un membre du gouvernement italien, sans respecter les usages de base entre partenaires européens ».

Quelles sont les exigences de la France pour qu’une crise similaire ne se reproduise pas ?

« Nous avons des divergences d’opinion, mais nous pouvons toujours avoir une coopération loyale et respectueuse entre les deux pays. Nous sommes alliés, nous sommes les deux membres fondateurs de l’Union européenne, nous sommes deux pays avec une longue histoire en commun. Par conséquent, il est important que nous abordions nos désaccords par le dialogue et non par la confrontation, dans un esprit de respect mutuel. Ce sont les principes de base ».

Parmi les points de désaccord soulignés par le gouvernement italien, il y a une politique sur les migrants.

« C’est un sujet qui nous concerne aussi, au plus haut niveau : la France est le deuxième pays d’Europe en nombre de demandes d’asile. Nous sommes là pour répondre à des problèmes concrets qui se posent aujourd’hui. Je pense en particulier au navire Sea Watch. La France a pris un engagement et l’a tenu, clairement, tout comme elle maintient son engagement envers le Verseau. Une équipe française est en Sicile, en ce moment, à cet effet. Ensuite, continuons à défendre la solution de solidarité européenne.

Il y a des enjeux encore plus locaux, comme les tensions à la frontière dans les Alpes, le vice-Premier ministre Matteo Salvini parlant d’un contrôle plus pressant du côté français des Italiens.

« De nombreuses difficultés techniques peuvent survenir dans les relations de voisinage entre les deux pays. Nous devons les traiter dans le cadre d’un dialogue honnête et serein, où des solutions sont toujours trouvées. Maintenir des contacts à tous les niveaux, notamment local. Et sur le terrain, la coopération est excellente ».

Et des désaccords sur la situation en Libye ?

«Nous sommes partenaires et nous nous complétons. Lorsque le Premier ministre Conte a eu une réunion à Palerme en novembre dernier, j’y suis allé. Et lorsqu’une feuille de route a émergé qui permettrait des élections rapides et le retrait des groupes armés, nous avons accepté. Il n’y avait pas de litige à l’époque et il n’est pas nécessaire de l’ouvrir maintenant »

En Italie, on se souvient souvent que les sociétés françaises Total et italienne Eni sont concurrentes en Libye.

« Pour être honnête, seules la sécurité et le retour de la paix et de l’autorité légitime en Libye sont importants.

Autre dossier qui pose problème, 15 anciens terroristes italiens réfugiés en France. Quand peut-on s’attendre à la première extradition ?

«Je connais la grande sensibilité qui existe sur cette question en Italie. Sur la base des questions soulevées par les autorités italiennes, les juges français et italiens se sont depuis hier à Paris consacrés à des examens judiciaires au cas par cas. Il est important d’évaluer les choses en fonction de leurs capacités et de ne pas exploiter la situation ; dans ce domaine aussi, la coopération est bonne ».

Le gouvernement italien est actuellement divisé sur le projet Lyon-Turin, ou Tav. La France est-elle toujours convaincue ?

Les autorités antitrust françaises et allemandes ont demandé l’avis de la Commission européenne sur l’accord Fincantieri-Chantiers de l’Atlantique. La France n’est-elle plus pleinement favorable à l’accord ?

« C’est une bonne affaire. J’espère que ça prendra forme. J’insiste sur le fait que les autorités antitrust françaises et allemandes sont indépendantes du gouvernement. En ce qui concerne le gouvernement français, nous soutenons cet accord ».

Le nouveau traité d’Aix-la-Chapelle entre la France et l’Allemagne a été suivi en Italie avec une certaine appréhension. L’Accord du Quirinal entre la France et l’Italie est-il toujours d’actualité ?

«Nous voulons toujours que la France et l’Italie concluent un grand accord d’amitié, un projet qui a été évoqué à plusieurs reprises avec le gouvernement précédent. Un travail a commencé. Les sujets sont sur la table et nous sommes toujours disponibles ».

Le président Macron s’est entretenu avec le président Mattarella, dont l’engagement à respecter les engagements de l’Italie envers l’Europe est bien connu. Mais il y a ensuite les pratiques quotidiennes des deux gouvernements qui semblent plus compliquées. Pensez-vous que la coopération au niveau ministériel puisse renaître entre la France et l’Italie ?

«Nous sommes liés par deux principes : le respect mutuel et le désir de coopérer. S’ils sont respectés, nous pouvons travailler ensemble, quelles que soient nos différences politiques. La France est prête à travailler sur toutes les questions dans le cadre de ces principes ».

13 février 2019 (modification 15 février 2019 | 15:00)

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Lazare Abraham

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