La France aurait pu prévoir qu’un génocide arrivait″ au Rwanda | Monde | DW

Ce rapport, commandé en 2017 par le gouvernement du Rwanda et produit par le cabinet d’avocats basé à Washington Levy Firestone Muse, fonde ses conclusions sur des centaines de livres, de litiges, de recherches et d’efforts journalistiques.

« Le gouvernement français pouvait prédire qu’un génocide arrivait, n’agissant pas aveuglément ou sans connaissance du massacre prévisible », lit-on dans un rapport présenté aujourd’hui par les autorités rwandaises dans la capitale Kigali.

Il a ajouté : « Les responsables français arment, conseillent, forment, équipent et protègent le gouvernement rwandais, quel que soit l’engagement du régime envers (le président rwandais de l’époque, Juvénal) Habyarimana avec la déshumanisation et, finalement, la destruction et la mort des Tutsis ».

deux rapports

Dans sa présentation, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta, a assuré que ce nouveau rapport complète une enquête publiée il y a quelques semaines par la France, qui, selon lui, a échoué « remarquablement » dans la politique étrangère française en raison des actions « aveugles » du président de l’époque. France, François Mitterrand.

« Ce rapport complète le rapport de la Commission Duclert (commandée par la France) et approfondit le dévoilement de la participation directe de la France dans la période entre 1990 et 1994, ainsi que dans les années qui ont suivi le génocide », a-t-il expliqué.

Le rapport français, commandé par l’Elysée et préparé par une commission d’experts, dresse en près d’un millier de pages une série de graves manquements, carences et imprévoyances du gouvernement français de l’époque, pourtant décrit comme incapable de comprendre de quoi ont été faits les préparatifs.

Sa principale conclusion était que « la France est depuis longtemps impliquée dans un régime qui encourage les massacres racistes » et est « aveugle » en croyant que les rebelles tutsis, soutenus par l’Ouganda voisin, constituent un réel danger pour le régime autoritaire.

Rétablissement des relations entre la France et le Rwanda

Pourtant, les deux pays semblent désireux de tourner la page sur un dossier qui empoisonne les relations bilatérales depuis près de deux décennies. Paul Kagame, ancien rebelle tutsi, est arrivé au pouvoir au Rwanda.

Dans un communiqué officiel, le gouvernement rwandais a salué les deux enquêtes, les décrivant comme des contributions pertinentes « à la clarification de la vérité sur ce qui s’est passé et sur le rôle que la France y a joué ».

En attendant, la présidence française considère qu’avec le rapport et la réaction de Kigali, « un nouvel espace politique » s’ouvre pour « se projeter vers un avenir commun ». La France se félicite également que les autorités rwandaises aient exclu toute action en justice, comme l’a déclaré son ministre des Affaires étrangères, Biruta, dans une interview au journal français Le Monde.

Le génocide a commencé le 7 avril 1994, suite aux assassinats la veille du président rwandais Juvénal Habyarimana (hutu) et de son homologue burundais Cyprien Ntaryamira (hutu) lorsque l’avion dans lequel ils voyageaient s’est écrasé au-dessus de Kigali.

Le massacre qui a suivi, après que le gouvernement rwandais a accusé les rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) pour ce qui s’est passé, s’est soldé par le meurtre de quelque 800 000 Tutsis et Hutus modérés en seulement trois mois.

rml (afp, efe)

Lazare Abraham

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