La socialiste Anne Hidalgo enterre les primaires de gauche en France

Affiche électorale au siège de la maire et candidate socialiste à la présidence, Anne Hidalgo. / afp

La mairie de Paris a reconnu que le manque de réverbération dans les autres partis et, surtout, le rejet des écologistes ont vidé le contenu de la proposition

A moins de cent jours du premier tour de la présidentielle en France, Anne Hidalgo, la candidate socialiste et maire de Paris, a enterré ce samedi l’idée d’organiser des primaires de gauche comme elle l’avait proposé. Hidalgo, né à San Fernando (Cadix), a reconnu l’échec de son initiative d’organiser des primaires pour présenter un candidat de gauche à l’élection présidentielle d’avril. Et il regrette l’absence d’accord entre les différentes formations, notamment le refus du candidat écologiste Yannick Jadot de participer à ces consultations.

« Pour l’instant il n’y a pas d’accord sur cette proposition », a reconnu la politique franco-espagnole à Jarnac (ouest de la France), où il s’est rendu sur la tombe de l’ancien président socialiste François Mitterrand. « Si le Parti Vert n’existe pas, on ne peut pas l’appeler un prélude », a déclaré Hidalgo. Malgré ces déboires, le maire n’a pas baissé les bras et se présentera aux élections d’avril pour continuer à défendre les idées socialistes.

Trempé dans les sondages d’intentions de vote, le populaire conseiller municipal de Paris a proposé début décembre d’organiser une primaire de gauche. L’écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon, leader de La Francia Insoumise (Podemos français), ont catégoriquement refusé l’invitation. Le seul à avoir soutenu son idée était l’ancien socialiste Arnaud Montebourg, candidat de la minorité La Remontada.

L’initiative a cependant séduit les électeurs de gauche. Deux sympathisants sur trois (65%) pensent que c’est une « bonne idée », tandis que 24% pensent qu’elle est « mauvaise », selon un sondage Viavoice pour le quotidien ‘Libération’.

Le gros problème de la gauche française, c’est qu’elle est très fragmentée. Sur ses sept candidats, aucun n’a dépassé la limite symbolique des 10 % d’intention de vote au premier tour. S’ils se rassemblent, ce qui n’arrivera pas, ils auront une chance de se qualifier pour le deuxième tour.

Mais qu’est-ce qui unit et divise la gauche française ? Votre programme est incompatible ? « A gauche, notre convergence suffit pour nous permettre de gouverner ensemble pendant cinq ans », selon Christiane Taubira, ancien ministre socialiste de la Justice François Hollande et symbole de la gauche française, dans un récent article d’opinion du Monde.

Coïncidence et différence

L’ancien ministre estime que ces partis sont « unis par un destin collectif qui transcende le changement personnel ». Taubira, avec 3% des voix selon certains sondages, estime qu’il pourrait être le candidat pour réaliser l’unité de la gauche. À la mi-janvier, il annoncera s’il est enfin candidat. Cela peut diviser davantage la gauche et éliminer le bruit de ses adversaires.

Les candidats ont accepté leur programme de plusieurs manières : ils ont défendu les augmentations du salaire minimum (1 258 euros net actuellement en France), ils se sont engagés à investir davantage dans les hôpitaux publics et les écoles, ils se sont opposés à la réforme des retraites et ils ont soutenu la création d’une taxe climat sur les grands richesse. .

Taubira admet que, malgré le fait qu’il y ait aussi une convergence dans leurs programmes, les partis de gauche ont tendance à « créer des querelles insurmontables » entre eux. Par exemple, l’un des enjeux qui divise le secteur est la relation de la France avec l’Union européenne. Face à Hidalgo et Jadot, pro-européens comme le président Macron, Mélenchon a défendu une issue à l’accord européen.

De même, il existe des divergences entre les candidats dans le débat sur les sources d’énergie : certains soutiennent l’abandon de la voie du nucléaire et d’autres jugent nécessaire de maintenir le mix énergétique avec les renouvelables. Et ils ne s’entendent pas non plus sur l’âge de la retraite.

Si ce dimanche le premier tour de l’élection présidentielle se tenait en France, Emmanuel Macron obtiendrait 25,5 % des voix ; Marine Le Pen de droite, 17 % ; la conservatrice Valérie Pécresse, 16 % ; le candidat de droite ric Zemmour, 12 % ; Mélenchon, 9 % ; Jadot, 8 % et Hidalgo, 4,5 %, selon le dernier sondage Ipsos. Macron et Le Pen se qualifieront pour le second tour car ce sont les deux candidats avec le plus de voix.

Lazare Abraham

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